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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Sea France, parlons-en

Publié le 17 Novembre 2011 par canaille le rouge in Nouvelles du front

 

http://www.meretmarine.com/objets/500/318.jpg

 

Toute solution qui sort "Sea France" de l'activité du groupe SNCF est un pas de plus dans la privatisation des activités publiques voulues par l'UE. Quelques soient ses formes elle a été et est défendue par ses tenants politiques et sociaux. La camarilla des votes "oui" du 29 mai 2005 se retrouve de façon convergente, tout comme l'extrême droite brune à toujours été contre les luttes qui s'opposait à la casse du statut des marins, des registres et des entreprises publiques. 

Rappelons que si la société Sea France qui fut un service intégré de la SNCF (Armement Naval SNCF) est du domaine des ferries c'est qu'il s'agit d'une continuité de service public avant le tunnel sous la manche. Elle est détenu à 100% par la SNCF. Dirigé depuis 2008 par Pierre Fa qui sera longtemps secrétaire général de la SNCF, à ses côtés  David Azéma directeur de la stratégie et des finances de la SNCF y préside le conseil de surveillance

Ce sont les marches d'un déclin balisée depuis les années 80 qui ont sorti progressivement l'Armement Naval  de sa cohérence publique, industrielle, économique et sociale.

Le tunnel (dont le persement fut inauguré avec faste par Queentwo et Fanfan la francisque fut instalé juridiquement sur des bases réglementaires hors sol, ni anglais ni français) a été un des chevaux de Troie contre la souveraineté économique des états et leurs entreprises publiques dans l'organisation des trafics ferroviaires et leur correspondance maritime, première infrastructure mondiale de non droit. Il fut réalisé avec les garanties des états pour drainer l'épargne de gogos qui se virent ruinés dès que la jonction fut réalisée.

Un jeune loup d'alors, un certain Pepy, transfuge des cabinets de Charasse puis de Martine Aubry après avoir transité à la tête de la Sofres, déjà de passage en 88 revient à la SNCF en 93, se précipita pour prendre la tête d'une société de droit privée Eurostar (au passage en piétinant le droit commercial en s'appropriant un nom déposé et utilisé par un industriel de Franche comté).

Et vogue la Galère, c'est le cas de le dire. Le dit Pepy, Gallois à la tête de la SNCF,  sans que personne ne voulu voir le conflit d'intérêt entre Euro Star et Sea France, cette concurrence non libre et faussée par le régime fiscal préférentiel accordé au tunnel et dérogatoire en matière de circulation de matières dangereuses, se mit comme membre du comité stratégique de la maison mère à corseter puis affaiblir sa filiale.

D'un côté les armateurs qui rêvent de s'approprier le monopole du transit transmanche restent en alertes pour s'accaparer navires et installations portuaires. Dans l'aide au démantèlement ils bénéficient du soutien objectif de la CFDT laquelle il y a quelques années s'était farouchement opposé à toute coopération avec Brittany Ferry (solution qui mettait en cohérence de pavillon, de statut social des marins, de registre, de grille de dessertes toutes les liaisons maritime de Roscoff à Dunkerque et pérennisait des coopérations commerciale et de service public avec les armements britanniques). Ce plan était porté par la CGT.

Anecdote : La Canaille se souvient dans le cadre de ses responsabilités syndicales d'alors d'une discussion plus qu'aigre douce avec un des acteurs de la CFDT. Celui-ci, toujours aux manettes à ce jour, appelait à mener l'action contre la suppression du "Duty free" à bord des navires pour "assurer la trésorerie de l'armement garantie des emplois". Il y voyait plus d'avenir que de construire les coopérations autour des missions de dessertes, de conservation de registre et de pavillon, de statut et de regarder comment organiser le transport des produits dangereux en surface pour éviter les risques du tunnel.

Aujourd'hui de l'Huma jusqu'aux plus réacs des élus du Pas de Calais en passant par quelques ludions frappés par la grâce du capitalisme populaire, on nous fait miroiter une scoop pour que "les salariés puissent montrer qu'ils savent gérer".

Ce serait comique si nous n'avions pas en souvenir comment les uns ont participé à liquider la stratégie autogestionnaire du PCF, les autres y ont renoncé dès que celui ci s'y était engagé et combien la confrérie des réacs du littoral soutenue –drôle de convergence mais pas si étonnante à voir les parcours- par les verts et les armateurs et criaient au soviet, cherchant le couteau dégoulinant de sang, dès que la CGT amenait ses propositions.

Et l'Huma qui titre ce 17 novembre, même avec des guillemets, "cadeaux de Noël pour les marins de "Sea France", Sylvie Mayer qui propose des stages de formation pour apprendre à gérer (que ne s'est-elle battue quand alors à la direction du PCF, pour le socialisme autogestionnaire plutôt que de se taire quand les communistes des entreprises étaient écartés des responsabilités).

La proposition d'une scoop maritime outre l'égoïsme de n'envisager que le sort des marins ignorant les personnels sédentaires (qui rappelle les grandes heures du syndicalisme autonome des conducteurs briseurs de luttes et que l'action de la CGT réussira à isoler et à battre) participe à ce démantèlement. Elle ne répond pas à cette question de fond : a-t-on ou non besoin d'une maitrise publique du transport dans l'espace maritime le plus accidentogène de la planète, est-ce ou pas un outil de souveraineté économique pour un état que d'être avec ses outils public présent sur ce terrain ?  

Cet écran de fumée permet à la direction de la SNCF de poursuivre son désengagement et laisse les tribunaux de commerces, qui comme chacun le sait sont dirigés par les salariés, les usagers et les agents de contrôles de l'administration fiscale, organiser l'avenir du service public sur le détroit. C'est se moquer du monde. Des luttes pour les retraites, à la sécu, les salaires ou l'avenir des activités, la CFDT est passée expertes dans cet exercice. Elle roule les marins dans la farine.

Au moment ou les banques ne cherchent qu'à se retirer de tout processus industriel qu'elles ne pilotent pas directement. Au moment, là où elles les pilotent elles imposent des critères de gestion antagonique à la réponse aux besoins économiques et sociaux, ne pas voir le coup de billard à trois bandes mené par les armateurs qui sont historiquement administrateurs fondateurs à sièges boulonnés de Menton à Dunkerque dans tous les conseils de toutes les banques est au mieux une naïveté coupable, certainement une duplicité historiquement assumée, au pire une inconséquence criminelle. Chacun des concernés choisira la case de la casse de qui s'applique à son caractère.

En attendant, une flotte financée par de l'argent public et bloquée dans un port espace public est mises au chômage, elle gardée par …la force publique. La police qui protège ce qu'on peut appeler une incompétence économique en col blanc, orange ou rose.

 

http://www.lavoixeco.com/stories/image440x00/mediastore/VoixEco/phototheque/Transport_et_Logistique/seafrance-calais-brunet6.jpg

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