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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Pour éclairer les tenants du conflits des aéroports

Publié le 22 Décembre 2011 par canaille le rouge in Du côté des luttes

http://cache.20minutes.fr/img/photos/20mn/2011-12/2011-12-21/article_greve-aeroport-syndicats.jpg

Trois articles (courts) sur la même page.

Deux sur les conditions d'exercices du metier tirés de l'Huma et de Libé et le papier de G Moréas sur son blog du Monde (que La Canaille ne suit pas totalement mais qui donne aussi des éléments intéressants)

 

Une fois convenu du rôle de hien de garde que Fa# a demandé de jouer à son gluant de Beauvau, ces trois papiers montrent bien le fond de la question

Voici les textes

 

Celui de Libé

"Aéroport Roissy-Charles de Gaulle, 7 heures du matin ce mardi. Un vilain ciel gris se fait voir à travers la baie vitrée du terminal 2F. Ils arrivent par petits groupes, chasubles bleus de la CFTC, drapeaux rouges de la CGT, mégaphones qui crachent des bruits d'ambulance. Après six jours de grève, les agents de sûreté n'en ont pas marre. «De toute façon, on a déjà perdu tellement d'argent que ça ne sert plus à rien de reculer maintenant», remarque l'un d'eux.

Leur principale revendication n'a pas changé : 200 euros d'augmentation pour tous. Ils la scandent en parcourant les halls de l'aéroport, sous le regard énervé – et parfois les invectives – de voyageurs en attente. Une nouvelle séance de négociation doit s'ouvrir dans la matinée avec les employeurs, qui ne veulent rien lâcher sur la question salariale. Il n'en sortira rien. La Brink's, ICTS, Securitas et Alyzia, qui se partagent l'essentiel du marché, affirment ne pas réaliser des marges suffisantes pour augmenter leurs salariés. Dépit et colère.

«Le job s'est militarisé»

Ecouter les agents de sûreté raconter leur quotidien, c'est faire collection d'anecdotes angoissantes sur leurs conditions de travail. «Le job s'est militarisé, dénonce l'un. On est sous surveillance permanente. Même pour aller aux toilettes, il faut demander la permission – sans garantie de l'obtenir.» Des caméras sont braquées en permanence sur les agents pour s'assurer qu'ils respectent leur quota de palpation et d'ouverture de valises.

L'image d'un pistolet est parfois incrustée dans les bagages passés aux rayons X, histoire de tester leur vigilance – quand ce ne sont pas des policiers chargés d'armes factices qui se présentent.

Une autre salariée affirme avoir passé huit heures consécutives devant l'écran de la machine à rayons X, alors que ce genre de session est normalement limitée à 20 minutes. «A la fin, j'avais les yeux qui bougaient tout seuls». Ce genre de dépassement horaire est habituel, affirment les grévistes, dont les temps de pause sont chronométrés à la minute.«Alors oui, à un moment, on n'a plus envie de sourire aux gens qui se présentent au contrôle.»

Selon beaucoup d'entre eux, cette pression permanente et la fatigue finissent par nuire à la qualité du travail. Le turn-over est très élevé dans le secteur, autant que les arrêts-maladie. L'incitation à faire vite, à fluidifier le flot des voyageurs, entraîne un relâchement de l'attention. «A la fin, le contrôle devient une pièce de théâtre, une mascarade, affirme une jeune agent de sûreté. Il y a tellement de failles. Si les terroristes savaient.»

Malgré tout, les agents sont priés d'avoir une attitude commerciale. «On nous demande de plus en plus de faire du relationnel, s'agace un autre.”Bonjour, comment ça va, je peux porter votre bagage”... Maintenant quand un client – on ne dit plus “voyageur” – refuse la palpation, ou transporte un liquide interdit en cabine, il faut parlementer avec lui, trouver une solution, appeler un responsable...»

«Nous, on part pas en vacances»

L'idée de voir intervenir la police ou la gendarmerie pour les remplacer à leur poste provoque l'indignation générale. Comme si on tentait de «voler» leur grève. «On se permet ça avec nous. Mais si c'étaient les pilotes qui faisaient grève, est-ce qu'on ferait appel à l'armée de l'air ?», s'exclame un militant CGT. «Agent de sûreté, ça ne s'improvise pas,reprend une autre. Il faut être formé à des protocoles bien précis»

Dans ce contexte, ils sont assez peu sensibles à la complainte du passager «pris en otage» : «Nous, on n'a pas les moyens de partir en vacances, de prendre l'avion, s'énerve une déléguée CFTC. On n'a pas de Noël. Et si on veut se faire entendre, on est obligé de frapper fort»."

Celui de l'Huma

Aéroports: les agents de sureté demandent d'être respectés par leurs patrons

 

 

"Horaires décalés, voyageurs agressifs, pressions au rendement: au delà d'une augmentation de salaire les agents de sûreté en grève depuis six jours réclament une reconnaissance de leur métier et dénoncent leurs conditions de travail.

Tous refusent de donner leur nom. Par peur de représailles de leurs employeurs, disent les grévistes interrogés mardi à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le plus touché par le mouvement avec celui de Lyon. "Nous gagnons 1.543 euros bruts par mois. Avec cela nous travaillons le dimanche, nous avons des horaires décalés, nous commençons parfois à 4 heures du matin et sur une vacation 2.000 passagers passent sous le portique", détaille une gréviste qui travaille depuis dix ans pour la société ICTS.

Quota de palpations

"Nous sommes mal vus par les passagers parce que nous effectuons des palpations. Ce qu'ils ne savent pas c'est que certaines palpations sont décidées de façon informatique. Le quota de palpations a augmenté de 20% alors que nous sommes moins nombreux qu'avant", renchérit un collègue. "On nous demande de faire passer les passagers de plus en plus vite, c'est du commercial avec une option sûreté. C'est dangereux", insiste une salariée de 58 ans.

"Nous ne sommes pas des enfants gâtés. Nous faisons un vrai métier qui a son importance pour la sûreté des gens. La preuve c'est que le gouvernement s'est aperçu qu'on ne peut pas nous remplacer par n'importe qui puisqu'il demande aux policiers de le faire", sourit un autre salarié d'ICTS.

"Sans cesse surveillés"

Les grévistes dénoncent aussi la pression des employeurs. "Nous sommes sans cesse surveillés, au moindre petit souci, on nous fait un rapport", s'agace un agent. "Nous devons pointer en arrivant et en partant. Je connais un salarié à qui on a retiré 21 centimes sur son salaire parce qu'il a pointé avec une minute de retard !", lance une salariée qui défile chaque matin depuis six jours dans les aérogares de Roissy.

Un rapport parlementaire dans le sens de leurs revendications

Dans leur rapport du 13 décembre sur la sûreté aérienne, les députés PS Daniel Goldberg et UMP Didier Gonzales recommandent d'"améliorer la reconnaissance des personnels de sûreté, afin que ces derniers bénéficient d’avantages comparables à ceux des autres personnels aéroportuaires, tels que des locaux décents, l’accès aux restaurants d’entreprise, une participation accrue des employeurs aux déplacements domicile-travail".

"Nous ne demandons pas des avantages, nous demandons une reconnaissance", commente une gréviste qui, en 12 ans de sûreté aéroportuaire, a "vu le métier changer... en mal. C'est le mauvais exemple de la sous-traitance". Confiée à la police aux frontières, la sûreté aéroportuaire a été privatisée en 2001."

Le Blog de G Moréas 

"21 décembre 2011

Grève dans les aéroports : la police prise en otage…

Les Français sont pris en otages… Une expression entendue à chaque mouvement de grève et complaisamment relayée par les gens qui nous gouvernent. Comme si, à force de la répéter, on finissait par se persuader que tous nos malheurs viennent de ces salariés qui trouvent un plaisir sadique à nous embêter pour la moindre revendication.

Avec les policiers, au moins, pas de problème, puisqu’ils n’ont pas le droit de grève. Et voila-t-il pas qu’au premier débrayage sérieux dans le domaine de la sécurité, on menace de les utiliser à une tâche dont ils ont été déchargés au profit du secteur privé ! Or, désigner les policiers comme des briseurs de grève porte gravement atteinte à leur image – qui, d’après une étude récente, n’est déjà pas trop reluisante. Et si par malheur ils laissaient passer une arme ou un objet interdit, qui serait responsable ? L’aéroport, le ministre de l’Intérieur ou le policier lambda ?

Et puis, comment voulez-vous que trois ou quatre cents policiers et gendarmes assurent le remplacement de milliers d’agents de sûreté aux quatre coins de France ?

Dans cette grève, on a d’un côté des patrons qui refusent la négociation et de l’autre un gouvernement qui montre les crocs. Comme si on recherchait le clash. Alors, il faut s’interroger : pourquoi cette épreuve de force ? Juste pour nous assurer de bonnes vacances ?

À moins que…

Le 1er janvier 2012, les agents de la sûreté aéroportuaire comme tous les autres personnels de la sécurité privée seront contrôlés par un nouvel organisme placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur : le CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité). Une personne morale de droit public compétente pour tout ce qui n'est pas du ressort direct de l'Etat. Ce sont donc 5 000 sociétés et près de 200 000 salariés qui passeront sous sa coupe. Il s’agit pour l’administration de réguler les tâches qu’elle a déléguées au secteur privé. Tandis que, pour cause de RGPP, les policiers et les gendarmes sont appelés à se recentrer sur « leur cœur de métier ».

http://moreas.blog.lemonde.fr/files/2011/12/Missions-du-CNAPS_-site-USP1.jpg

Donc, si cette grève a lieu maintenant, ce n’est pas seulement en raison du retentissement que lui donne l’approche des fêtes… À mon sens, elle traduit aussi l’inquiétude des salariés qui craignent dans un avenir proche de nouvelles contraintes. Peut-être même se disent-ils que c’est la dernière occasion de faire grève... Car pour le gouvernement, ce n’est pas le service minimum qui est sur la table, mais bien un service maximum.

Finalement, un jour, on se dira peut-être : la police, c’était pas si mal."

¤¤¤¤¤¤

Le fond du problème, c'est toujours et encore le statut social des personnels exerçant des fonctions de service public. 

Nous sommes devant les conséquences d'une privatisation qui en gardant la mesure des choses est de la même nature que les conflits à la SNCF nés de la privatisation de l'accueil en gare confié à des entreprises tiers par appel d'offre au moins disant où les conditions sociales des salariés sont les variables d'ajustement et où les actionnaires tirent des profits plus que conséquents.

C'est la démonstration que services publics et critères du marchés sont inconciliables.


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