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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

La partie cachée de la mine San José, Ou, en 2010, Germinal dans la cordillère des Andes.

Publié le 12 Octobre 2010 par canaille le rouge in Solidarité internationale et expériences


 Quand le capital se fait discret et que les batteleurs tiennent la scène,

d'autres voix s'élèvent :


Avertissement : reprise ici de plusieurs articles de presse dont celui du Monde du 12/10, avec pour une fois des parties reprises en couleur pour bousculer les approches façon Paris Match de l'évènement tel que vues dans les lucarnes. Pour ceux qui auraient oublié ou ne savaient pas que le capitalisme est d'abord un rapport social d'exploitation.

 


http://www.francebourse.com/filer/afp/photo_1283552692176-1-0.jpg 

 

Le cadre politique rapporté par "l'Huma":

La polémique enfle autour des 33 mineurs enfermés sous terre. Le président Piñera, en difficulté, voudrait à tout prix pouvoir les accueillir avant sa tournée européenne à la mi-octobre. La décision doit être prise «d’un point de vue technique et pas politique», a ainsi critiqué Isabel Allende, sénatrice socialiste de la région d’Atacama, où se trouve la mine. «On ne peut rien accélérer et tout doit être fait avec une extrême prudence, le sauvetage ne peut pas dépendre de l’agenda du président.»

Le point.fr :

Dans une procédure distincte, un magistrat de Copiapo, une ville du nord du Chili proche de la mine, a ordonné le gel de 1,8 million de dollars (1,4 millions d'euros) que devait percevoir San José pour la vente de cuivre à l'Etat chilien. 

Tiré de "Libé":

"Le cœur m'a manqué quand j'ai appris qu'ils avaient couru vers la cheminée pour essayer de remonter, mais qu'il n'y avait pas d'échelle", explique sa sœur Zuleyma Barrios. "Combien aurait coûté cette échelle ? 500 dollars ? Cela aurait suffi à sauver 33 personnes",s'indigne Eduardo Reinoso, l'avocat des 27 familles qui ont déposé plainte contre la direction de la compagnie minière San Esteban.

Tous connaissaient ces risques. Ils restaient faute de mieux. «Ma semaine de repos, comme tous mes collègues, explique Daniel, qui travaille à San José depuis trois mois, je la passais à chercher un emploi ailleurs.»Sergio avait quitté la mine il y a quelques années parce qu’il avait peur d’y laisser sa peau : «Je suis resté deux ans au chômage. A 50 ans passés, c’est dur de trouver du travail !» Il est revenu à San José. «C’était financièrement intéressant, reprend-il, parce qu’ils avaient largement augmenté les salaires, passant de 150 000 pesos à 400 000 pesos [de 235 à 627 euros, ndlr], pour éviter le turnover. (ce qui donne une idée des capacité de profit par la surexploitation dont la sous sécurité est un des moyens-note de C.leR.)

 http://www.courrierinternational.com/files/imagecache/article/illustrations/article/2010/08/3008-Chili.jpg

Le Monde.fr du 12/10

La lumière des caméras éclipse le sort des mineurs chiliens

Dès qu'ils ont pu communiquer avec leurs familles, les mineurs se sont préoccupés d'organiser le bon paiement de leurs dettes.

Quel type de lunettes porteront les mineurs lorsqu'ils reverront la lumière du jour ? Qui sera le courageux qui acceptera d'être le dernier à remonter ? A quelles contraintes physiques et psychologiques devront-ils faire face dans la "capsule" qui va les transporter ? A la veille du retour à l'air libre des mineurs chiliens piégés à près de 700 mètres de profondeur depuis le 5 août, la plupart des informations se concentraient sur les dernières épreuves qui attendent ceux que tous, à l'instar de l'universitaire chilien Daniel Mansuy, considèrent désormais comme des "héros" (en français surcourrierinternational.com). Deux mois plus tôt, lors de l'effondrement de la mine, ces "héros" n'étaient pourtant que des travailleurs précaires dont le sort illustrait le manque de sécurité dans les mines chiliennes.

Fin août, l'envoyé spécial du quotidien espagnol El Pais égrenait ainsi les noms d'une liste funèbre : "La nuit tombe sur l'endroit où est mort Pedro Gonzalez il y a six ans, près de là où tomba Fernando Contreras deux ans plus tard, sur le lieu même où succomba Manuel Villagran en 2007, dans le même secteur où un éboulement, le 3 juillet dernier, a emporté la jambe de Gino Cortes, et où sont enterrés vivant 33 hommes à 700 mètres de profondeur : la mine San José". Le doyen des 33 mineurs pris au piège, Mario Gomez, 63 ans, a d'ailleurs lui même perdu plusieurs phalanges à la main gauche lors d'un accident au travail il y a sept ans. Après l'accident de 2007, les syndicats avaient obtenu la fermeture de la mine mais celle-ci avait fini par rouvrir, sans les aménagements de sécurité nécessaires, notamment de sortie de secours : ainsi le jour de l'effondrement, les mineurs n'ont pas trouvé d'échelle qui leur aurait permis de s'échapper par une aération verticale, appelée cheminée.

"LA MINE PLEURAIT BEAUCOUP"

Les premières communications des mineurs avec leurs proches fin août, puis les entretiens accordés par leurs familles à la presse, vont permettre au monde entier de découvrir des parcours de vie difficiles. Ces hommes entraient dans la mine en toute connaissance du danger par besoin d'argent, parce qu'on y payait mieux qu'ailleurs : 550 000 pesos par mois en moyenne, soit 857 euros environ, quand le salaire moyen dans des mines semblables tourne autour des 700 euros.

Avant l'accident, la plupart des mineurs avaient ainsi confié à leur familles leur volonté de quitter la mine rapidement parce que "la mine pleurait beaucoup", formule poétique pour dire que les éboulements y étaient fréquents. "La veille de l'accident, Dario m'a dit que la mine était sur le point de s'affaisser et qu'il n'aimerait pas être de service le jour où arriverait l'éboulement", a raconté à la presse Yesica Chilla, la compagne du mineur Dario Segovia, 48 ans. "Il avait fini sa vacation [une semaine de travail à raison de douze heures par jour et un jour de repos]. Mais nous avions besoin d'argent... Ils lui ont proposé de faire des heures supplémentaires, et personne ne refuse les heures supplémentaires parce qu'elles sont payées double. Ce jour-là, il devait gagner 90 000 pesos [140 euros]. Mais son rêve était de quitter ce travail pour devenir chauffeur poids-lourds". Pour arrondir ses fins de mois, Dario vendait des légumes sur ses jours de repos. Pour parvenir à payer les études de ses deux filles, l'ex-footballeur professionnel Franklin Lobos avait également deux activités :  conducteur de camion à la mine et conducteur de taxi collectif à la ville le week-end.

Les préoccupations financières des mineurs sont ainsi apparues très rapidement dès qu'ils ont pu communiquer avec leurs familles : les premiers messages de plusieurs mineurs, dont Jorge Galleguillos, 56 ans, et Yonny Barrios, 50 ans, furent des instructions pour organiser le bon paiement de leurs différentes dettes ; le jeune Carlos Bugueño, 27 ans, a indiqué à sa mère où trouver l'argent de sa paye, dans son vestiaire, pour faire vivre sa famille ; un autre mineur, Jose Henriquez, a tout de suite demandé à ses filles de ne pas l'attendre près de la mine mais de rentrer chez elles, afin de ne pas gaspiller d'argent.

Les syndicats de mineurs chiliens, eux, préféreraient que ce "happy end" ne fasse pas oublier l'essentiel : le mépris des règles de sécurité à l'origine de l'accident, la responsabilité des exploitants de la mine, et celle de l'Etat, qui ne disposait jusqu'ici que de seize inspecteurs pour contrôler 4 000 mines et a autorisé la réouverture de celle de San José. "Nous sommes parvenus à faire fermer cette mine après la mort de Manuel Villagran en 2007", a expliqué Jorge Castillo de l'Union syndicale minière de San Esteban à El Pais"Mais au final, elle a rouvert. Dans quelques mois, il se peut que ceux qui sont sous terre en ce moment se voient verser des indemnités en échange de quoi ils ne porteront pas plainte ni contre l'entreprise, ni contre le gouvernement. Je ne leur en voudrai pas. Mais notre obligation à nous est de lutter pour que les propriétaires investissent dans la sécurité." Il espère que les responsables seront poursuivis en justice et que la loi deviendra plus contraignante sur les conditions de sécurité. "Nous voyons à plus long terme que les journalistes. Quand tous seront repartis, ici des mineurs continueront à mourir."

 

 

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