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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

L'honneur d'une agent du service public

Publié le 29 Avril 2011 par canaille le rouge in Pour réfléchir ensemble

http://www.nicematin.com/media_nicematin/imagecache/article-taille-normale-nm/Image_RCAXXQ20_FBT_MANIF_POLE_EMPLOI__Small_.jpg

 

 

 

l'article suivant est tiré de rue89 du 29 Avril.

Il est bien qu'il soit connu et diffusé comme une contribution de haut niveau pour le premier mai.

La Canaille ne connait rien de celle qui signe ce manifeste de défense du service public. C'est un véritable acte citoyen.

Madame, bravo. 

 

 

Isabelle de Léon est convoquée ce vendredi à la direction régionale de Pôle emploi, pour les Midi-Pyrénées, pour un entretien disciplinaire. Comme d'autres agents, elle a refusé de suivre la formation « entretien d'inscription et diagnostic » qui « forme » les agents à « l'obligation de contrôler la validité des papiers d'identité, de conserver leurs copies, et de signaler les documents suspects » de demandeurs d'emploi. Nous publions le courrier qu'elle adresse à son directeur général.

Monsieur le directeur général,

J'inscris cette démarche de conscience dans le cadre d'une double responsabilité : en tant que citoyenne et comme agent d'Etat engagée dans une mission de service public.

En effet, j'ai été recrutée sur concours pour travailler à l'ANPE en 2007, j'ai signé un ordre de mission en tant qu'agent d'Etat acceptant une mission au sein du service public de l'emploi, c'est d'ailleurs l'une de mes motivations essentielles que j'ai évoquée lors de l'entretien finalisant le concours de recrutement.

Cet aspect n'est pas anodin puisque depuis, l'Agence nationale pour l'emploi a disparu pour faire place à Pôle emploi, objet juridique toujours indéterminé, regroupant l'ex-ANPE et l'ex-Assedic.

Je sors de mon devoir de réserve et je tiens à alerter le public

Je suis agent d'Etat et non pas agent d'un gouvernement, qu'en tant que tel je n'ai signé aucun engagement avec Pôle emploi, mais bien apposé ma signature au bas d'un ordre de mission de service public, c'est à cet engagement que je me sens en DEVOIR. […]

La réunion de services complémentaires (recherche d'emploi et indemnisation) dans un même lieu ne met pas en danger le service public de l'emploi. Ce qui le met en danger c'est la volonté délibérée et affichée de modifier et de fusionner les deux systèmes et les deux métiers et d'en finir avec le statut d'agent public.

Il est important, en effet, de découpler l'accompagnement des demandeurs vers l'emploi de l'indemnisation : un principe déontologique fondamental. Comment sinon établir une relation basée sur la confiance, l'échange, et le respect de la libre adhésion ?

C'est à ce titre que je sors de mon devoir de réserve et que je tiens à alerter, non seulement, le public, mais aussi les pouvoirs publics.

Au nom de la solidarité, je refuse de vérifier les papiers d'identité

Si la première réforme, la fusion, a été déjà l'amorce d'une transformation radicale, la deuxième vague de réforme au travers de l'entretien d'inscription et de diagnostic (EID) marque une nouvelle étape dans la déstructuration du service public de l'emploi.

Alors que nos syndicats et des audits commandés ne font que confirmer ces constats alarmants, notre direction générale, sourde et sûrement « impuissante », vient en réponse, rajouter de nouvelles difficultés. Que dire pour achever ce tableau désolant de l'obligation de contrôler la validité des papiers d'identité, de conserver leurs copies, et de signaler les documents suspects ?

N'est-ce pas là un symbole éloquent de ce que notre hiérarchie attend de « ses troupes », nommées à longueur de réunion « collaborateurs » et destinées à « liquider les droits » de « clients » ?

C'est au nom de la liberté que je choisis de ne pas appliquer vos consignes sur l'EID, c'est au nom de l'égalité que je défends le service public, c'est au nom de la fraternité que je refuse de fermer l'avenir à des secteurs de la population que vous semblez avoir décidé d'abandonner pour préserver ceux qui n'en ont pas besoin.

C'est au nom de la solidarité que je refuse de vérifier la validité des papiers d'identité car je suis au service du public, des demandeurs d'emploi et des chômeurs, et non pas là pour les contrôler, les suspecter et les dénoncer.

Interpeler chaque agent d'Etat, fonctionnaire, citoyen

Dans l'ordre des responsabilités, je prends les miennes, et je suis consciente de ce que j'engage. A vous, maintenant, de prendre les vôtres.

Rendre publique cette position personnelle m'a coûté et me coûtera certainement, elle n'a comme objectif que d'interpeler l'établissement, mais aussi chaque agent d'Etat, chaque fonctionnaire, chaque citoyen, pour sortir de ce discours d'impuissance qui nuit à notre avenir commun.

Je vous prie, monsieur le directeur général, de bien vouloir prendre en compte mon positionnement.

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S
<br /> <br /> Je partage l'analyse de la Canaille, Chapeau Madame !   Mais, sans porter de jugement n'étant pas au fait de leurs actions, les organisations syndicales de fonctionnaires,<br /> notamment la CGT, n'auraient-elles pas dû mener ce combat  pour ne pas obliger les fonctionnaires, comme cette dame, à se trouver en position délicate, pour le moins, seule face à sa<br /> direction ?  Donc, s'opposer formellement à ces prétendues formations qui ne sont que des formatages !<br /> <br /> <br /> Il n'est sans doute pas trop tard.<br /> <br /> <br /> Je ne peux m'empêcher de penser aux fonctionnaires de 1940 qui ont scrupuleusement, comme le leur demandait leur hiérarchie, fiché les juifs et les communistes dans un premier temps, puis procédé<br /> à leur arrestation, avec les conséquences que nous connaissons...<br /> <br /> <br /> L'importance des mots ... :<br /> <br /> <br /> La conception du service public a changé le jour où "les usagers" sont devenus "des clients"...    Ce changement de vocable portait en lui les méfaits<br /> de la privatisation.    Nous n'avons plus droit à un service mis à disposition de tous par l'état, moyennant une participation aux frais, mais nous achetons un produit dont la qualité<br /> du service rendu dépend de nos moyens....<br /> <br /> <br /> Et "collaborateurs" ça ne vous rappelle rien ???<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />