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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Derrière l'humour de la missive, le glacial "big brother"

Publié le 29 Mars 2013 par canaille le rouge in se coltiner au quotidien

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C'est l'histoire d'un gars. un breton. Donc qu' à coup sûr il est à l'ouest et subséquement et statistiquement répréhensible.

D'ailleurs, un type qui ne paie pas ses routes doit avoir un chromosome escroc (Mais rassurez vous, si on en crois ouest France,  le CR de Bretagne tente d'y remédier).

Ce type peut se voir mettre les pinces pour refuser les cotons tige pour refus de prélèvement d'ADN.

Comme il écrit  avec un humour tranquillement décapant, Canaille le Rouge solidaire et déterminé à faire comme lui*, lui passe la parole.


 

"Lettre ouverte au procureur de la république 

Les experts :

Larmor Baden « Tout peuple qui s’apprête à sacrifier un peu de liberté contre un peu de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre, et finit par perdre les deux. » Cette phrase de Benjamin Franklin mijote à petit feu dans ma tête depuis quelques semaines. Situation singulière que la mienne. La gendarmerie veut mon ADN dans le cadre des incendies criminels perpétrés à Larmor Baden. Résider dans ce petit village gaulois constitue une raison plausible d'être soupçonné. Trouvant dans un premier temps presque comique cette demande ubuesque sortie d'un mauvais feuilleton policier, je souris, décline poliment et pars dans quelque chemin creux disséminer cet ADN tant convoité... Mais voilà, l'enquête fait long feu et le procureur et le brigadier n'ont sans doute pas vu Brazil. Tous les deux, dans leur tendre jeunesse, ont probablement discuté avec le radiateur pendant les cours d'histoire. Ils en veulent à ma salive les bougres, opiniâtrement et sans pudeur.

Problème : je suis pudique, je ne montre pas mon ADN à tous les passants. Souhaitant partager cette évidence avec mes concitoyens, je tombe des nues. Ce village cache sans doute un club échangiste clandestin, tous les mâles ont donné leur salive. Sauf moi. Je soupçonne l'embrouille, une enquêtrice aux lèvres brûlantes et au regard de braise a du être missionnée auprès des autres. Non, une brigade secrète de pin up sorties d'un film de Russ Meyer a opéré pendant mon sommeil pour cette récolte improbable ? Non plus. Tous auraient accédé à la requête du procureur, sans aucune garantie sur le devenir des prélèvements effectués. Ah si, la parole donnée. On nous assure oralement qu'une fois la comparaison effectuée et conformément à l'article 706-54, les échantillons ne seront pas conservés au Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (Fnaeg). Tiens, en voilà une idée qu'elle est bonne. Pourquoi s'embêter avec une paperasserie pesante (« C'que vous êtes procédurier, c'est pas croyable ! » vocifère l'adjudant dans mon cerveau reptilien) ? Nous sommes d'intègres citoyens, nous sommes des hommes, alors parole d'homme, si un jour je brûle un feu, ne me verbalisez-pas monsieur l'agent, je passerai un de ces jours à la gendarmerie payer mon amende. Parole, parole, parole...

Au téléphone, ton autoritaire : « Pourquoi refusez-vous le prélèvement ADN ? Vous avez quelque chose à vous reprocher ? » Moi, sans malice : « Et bien non monsieur l'agent, c'est parce que je n'ai rien à me reprocher que je refuse ce prélèvement.» « C'est vous qui le dîtes ! » hurle l'adjoint en dispersant les cendres tièdes de la présomption d'innocence.

Voilà la logique à l'oeuvre : soit vous donnez votre ADN comme un suspect dans une enquête, soit vous refusez et devenez alors suspect dans cette même enquête. Un vrai ruban de Möbius. Une chose est sûre, si vous analysiez mon ADN vous ne trouveriez aucun gène proche du mouton.

Oui, je m'enflamme et non, vous ne ficherez pas mon patrimoine génétique. Je m'oppose à cette violation du droit au respect de la vie privée (art. 8 de la convention européenne des droits de l'homme) qui est également une grave atteinte au respect du corps humain (art. 16 du code civil) . Vous cherchez un incendiaire ? Vous l'avez trouvé. Vous voulez jeter au bûcher ma liberté individuelle ? Je vais mettre le feu à votre volonté de ficher tous les citoyens sous prétexte de sécurité. Le Fnaeg a été créé pour les auteurs de crimes sexuels. Aujourd'hui, un village breton de retraités avec un taux de délinquance qui ferait passer Le Vésinet pour une banlieue chaude est passé au crible de l'analyse sérielle. Un syllogisme tombé sur la tête mène la danse : le pyromane est un homme, tous les hommes sont des citoyens donc tous les citoyens sont suspectés de pyromanie.

J'exagère. Un profil a été établi. Un filtre pointu, pour éviter les abus sans doute. Le suspect est un homme entre 15 et 75 ans [sic]. Je rajouterai qu'il mesure entre 1m 50 et 1m 95, qu'il pèse entre 45 et 110 kg, qu'il a (probablement) 2 jambes et 2 bras... Je n'aborderai pas la question du coût d'une telle opération, ne soyons pas vulgaires, le procureur est un flambeur, ça se respecte. Je n'aborderai pas non plus l'illusion de preuve scientifique qu'apporte cette opération.

Dormez tranquilles, chers concitoyens, des blouses blanches armées de cotons-tiges veillent sur vos maisons. Un fichier ordonne silencieusement les données génétiques qui vous caractérisent. Vos paupières sont lourdes et vous êtes en sécurité. Une sensation de chaleur douce et agréable s'empare de votre corps et l’ADN de vos enfants est prélevé à la naissance. Votre respiration est ample et lente, vous glissez lentement, irrésistiblement vers le meilleur des mondes. Au feu !

Simon Tattevin, Satrape autoproclamé du Collège de 'Pataphysique.


 

 

http://referentiel.nouvelobs.com/file/5213213-incendies-les-hommes-d-un-village-soumis-a-des-tests-adn.jpg

Dites chef, ça pousse où et comment la déhenne ?


*Comme cela, si un jour nous nous retrouvons en situation et si  la gendarlmerie fait bien son travail, le proc pourra ajouter la préméditation sur la liste.

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