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Canaille le Rouge, son c@rnet, ses p@ges.

Espace d'échanges, de rêves, de colères et de luttes. Alternative et horizon communiste. point de vue de classe.   Quand tout s'effondre, ce n'est pas aux causes des ruines de gérer le pays mais à ceux qui sont restés debout.

Après le tsunami ultra libéral vers quoi ne pas aller

Publié le 22 Mai 2017 par Canaille Lerouge

Suite de la p@ge du 09 mai

"bilan idéologique après une défaite 

Après le tsunami ultra libéral vers quoi ne pas aller

 

Pour mettre tout le monde à l'aise, pas question ici de jouer les arbitres entre les Horaces et les Curiaces du microcosme post électoral, laissons les protagonistes du duel ferrailler et regardons le paysage politique.

Comme Canaille le Rouge avait annoncé revenir au fur et mesure pour examiner le paysage après la bataille et mettre son grain de sel sur la façon de reconstruire, cette affirmation permet d'engager la réflexion.

" oui mais Mélenchon, lui au moins, il a un programme " Qui n'aura pas entendu cet argument durant le débat de l'élection présidentielle ?

Plutôt que débattre de ce programme (qui est présenté comme tel et non comme un projet qui porterait une autre dynamique), plutôt que d'approuver ou contester point par point, commençons d'abord à regarder la démarche.

Pour s'affranchir de la " domination des marchés "  (en français l'exploitation capitaliste et le rapport social qui la structure) faut-il adhérer à un programme et déléguer à ceux qui le proposent le soin de le mettre en œuvre, venir au bout de 5 ans voir si le bâtiment est conforme aux plans et à un éventuel appartement témoin ou bien l'obligation d'une rupture forte ne demande-t-elle pas une autre démarche certes plus exigeante faisant du citoyen un acteur de la construction du projet , la démocratie exigeant alors de ne pas passer par des comités d'experts?

L'idée d'une constituante pas négative en soit et même indispensable devant la faillite institutionnelle vécue au quotidien, si elle n'est pas accompagnée d'une conception démocratique et largement rassembleuse de celles et ceux qui vont y travailler, du cadre du projet et des façons de rendre compte du mandat impérativement donné aux Constituants, cette constituante ne peut aboutir qu'à une sorte prêt à porter d'une conception industrielle des institutions où les paramètres seront ceux de l'idéologie dominante pour préserver le système.

Puisque souvent il est fait référence à l'Histoire, ce qui fait la force et la richesse de la constitutions de 1792 comme celle de 1946 ce n'est pas tant leur contenu pourtant d'une immense force à la hauteur des innovations qu'elles propulsent  mais le processus qui y a conduit et leur donne leur contenu révolutionnaire.

Pour celle de 92, tout part des cahiers de Doléance d'avant 89 qui outre la découverte du besoin de savoir lire et écrire, créateur de l'exigence de culture et d'éducation, va faire des assemblées qui les rédigent des creuset fabriquant ce qui deviendra le pacte républicain par la découverte de la Démocratie comme outil de subversion de l'autocratie. 

C'est sur ce socle et la mémoire de sa richesse que se construira la dimension autogestionnaire que l'on retrouve dans les journée de 48, dans la Commune qui invente le mandat impératif et révocable pour l'élu, dans le contenu du programme du CNR qui a chaque fois repose la question des institutions non en elles-mêmes mais comme outil commun de la démocratie pour faire fonctionner la République.

C'est cette démarche qui avait permis au PCF de s'opposer à la constitution monarchique arrivée avec De Gaulle, chargée de structurer l'impossibilité pour le peuple de s'emparer du pouvoir permettant de casser l'emprise du capital sur l'appareil d'Etat.

Au bilan de 55 années d'expérience, il se confirme que toute pratique qui ne propose pas de subvertir l'état bourgeois et les rapport sociaux qui le fonde n'est qu'un cautère sur une jambe de bois.

Dire alors que la démarche de JLM et ses partisans est aux antipodes des traditions républicaines et entretient des pratiques césarisées n'est pas injures ou polémique mais le besoin de caler les pratiques en cours au regard des besoins et de l'expérience.

Un contenu aussi positif serait-il, exigeant délégation de pouvoir pour un projet non élaboré en commun, sans mandat impératif, au mieux nous replongerait dans l'impasse de 1972 et la réponse stérile aux attentes que portait 68 au pire ouvrirait la porte à toutes les désespérance à l'image de ce que vivent les Grecs aujourd'hui.

Ce non portage par les intéressés eux même d'un projet dont il doivent être élaborateurs pour pouvoir décider de ses enrichissements et ajustements ne permet pas d'établir le rapport de force permettant de subvertir le vieux monde.

Se pose alors la question de la place de celles et ceux qui les premiers pensent l'urgence de construire l'issue et de leur rôle. Tous ont des idées, fruit de leur culture, leur expérience, leurs attentes et revendications.

Là se trouve un des moments piège de la dynamique à construire laquelle renvoie à la question qui revient en permanence : le rôle de ces " plus conscients "  et leur pratique. La doxa léniniste reprise par tous les partis communistes du 20e siècle use du terme d'avant garde. C'est cela qu'il faut d'urgence revisiter. Pour Canaille le Rouge, l'avant garde n'est pas le rassemblement des plus conscients autoproclamés mais la force de toutes celles et tous ceux qui agissent pour s'affranchir du rapport d'exploitation, les " plus conscients " n'ayant d'efficacité qu'immergés dans ce qui se constitue en avant garde.

L'efficacité de cette démarche demande intervention permanente de ceux qui les premiers pensent le besoin et l'urgence mais réside non pas dans sa capacité à échafauder des programmes à proposer mais à mettre en mouvement pour construire un projet et construire le rapport de forces pour le mettre en œuvre. Seul moyen de casser la pratique délégataire et de savoir le projet partagé parce que co-élaborer.

Quiconque a eu la chance à un moment de vivre un conflit social lourd, ses piquets de grève, ses AG et décisions collectives sait à la fois la difficulté mais aussi la fécondité de cette démarche.

C'est pour avoir coupé avec sa stratégie autogestionnaire qui permettait de sortir des démarches programmatiques que le P "c "F en faisant le choix des alliances d'appareil liées à des mandats déconnectés du peuple électeurs, sans en référer à celui-ci s'est fossilisé sur pied au point d'en être où il est aujourd'hui.

Outre son propre déclin, il a libéré un espace de contestation de l'ordre établi que d'autres, en premier lieu le populisme fascisme, se sont empressés de venir occuper ; la nature ayant horreur du vide.

Vide côté progressiste, la social-démocratie aiguillonnée de ses ex jeunes pousses trotskistes recyclées au fur et à mesure de ses besoins tente de reprendre la main et s'appuie sur les valeurs du jardin abandonné.

La démarche proposé par J-L Mélenchon très vite est apparue non pas comme un moyen de construire une alternative mais un outil de conquête du pouvoir. Le contenu échafaudé par ses propres experts aux compétences très souvent discutables, sans consulter le mouvement populaires et ses organisations associatives culturelles syndicales ou autres, rejoignant dans les actes les pratiques du PS et en cela marquant la filiation entretenue des pratiques social-démocrates sans que les auto-désignés insoumis ne remettent en cause, sauf de façon homéopathique n'attaquant pas le mal à se racine, leur soumission aux lois du marchés et donc pérennisant le système.

Pour reconstruire, il faut assainir le sol, le débarrasser de ses ruines et gravas, et reprendre depuis les fondations. Il ne s'agit pas de faire comme au cinéma avec des décors faits de façades rutilantes arrimées à des tubes ou des perches en bambou ; surtout si c'est le capital qui propose d'en assurer l'ancrage.

Nous sommes dans la logique de Brest ou du Havre et St Saint-Nazaire 1945 : Reconstruire en faisant du neuf avec les matériaux du 21e siècle. Mais en gardant les savoirs antérieurs et la volonté de faire que les habitants soit les architectes et constructeurs de la cité future. La violence des mots échangés dans le moment par ceux qui se disent de ce côté-ci de la barricade montre qu'ils n'ont rien compris qu'ils sont obstacles et doivent aussi dégager l'espace .

Ce n'est pas du passé qu'il faut faire table rase mais seulement des passéistes, leurs pratiques et de leurs tribuns.

Le chantier est vaste il est sous le risque de voir se pointer des Mansard , Perret ou le Corbusier providentiels alors qu'ils nous faut des milliers de Nieymeyer. D'où le besoin de rester vigilant.

Cette réflexion se traçant son propre chemin avec ou sans Canaille le Rouge, il sera possible de reprendre et d'actualiser la phrase de St Just " le bonheur est toujours une idée neuve ", en poursuivant : la visée communiste aussi qui est peut-être son chemin.

...à suivre...


 

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